dimanche 18 novembre 2018

Roller Girl

Roller Girl, Victoria Jamieson.
404 editions : 2016.
239 p.  9.95 €
✮✮✮✮✮

Roller Derby / Amitié / Adolescence

Public : tous lecteurs

Astrid et Charlotte sont meilleures amies depuis toujours, et elles s'apprêtent à passer l'été ensemble avant leur première rentrée au collège. Mais leurs chemins commencent à se séparer quand Astrid décide de s'inscrire au stage d'été de Roller Derby tandis que Charlotte choisi de participer au stage de danse classique avec Rachel... 

J'ai aimé :
- le format de ce roman graphique (taille et épaisseur d'un roman)
- les illustrations colorées, simples et expressives
- l'humour
- la plongée dans l'univers du roller derby
- les personnages attachants 

Astrid est une jeune fille de 12 ans. Avec sa meilleure amie Charlotte, elles s’apprêtent à passer leur été ensemble avant de faire leur rentrée au collège. Mais rien ne va se passer comme prévu ! Elles vont chacune de leur côté s'affirmer et faire leurs propres choix : Astrid en participant à un stage de roller derby, Charlotte en choisissant de s'inscrire au stage de danse classique avec Rachel, l'ennemie jurée d'Astrid... Ainsi les deux amies se retrouvent séparées et commencent à comprendre qu'elles ont chacune des envies et des attentes différentes.

Tout au long de cet été, nous suivons Astrid et sa découverte du roller derby mais pas seulement. Le récit s'attache à nous montrer sa relation avec sa mère, sa déception et frustration de s'être éloignée de sa meilleure amie, ses efforts et sa détermination face aux difficultés qu'elle rencontre... Finalement, l'histoire est autant centrée sur la découverte du roller derby, sport sur lequel on apprend beaucoup en lisant ce roman graphique, que sur le passage de l'enfance à l'adolescence, symbolisé ici par l'été entre la fin du primaire et le début du collège. Et c'est vraiment ce qui m'a plu dans ce titre : cet équilibre dans le récit. J'ai trouvé les personnages très attachants et justes. Si l'histoire se déroule sur 1 mois, l'évolution des personnages est marquante, Astrid grandit et s'affirme, elle apprend à mieux se connaître, à se donner les moyens de réussir ce qu'elle veut, mais aussi à accepter que les autres fassent des choix différents.

Ce roman graphique, très plaisant, a un format original qui m'a particulièrement plu. En effet, il se présente comme un roman jeunesse classique, de part sa taille et son épaisseur, et on est assez surpris de découvrir des planches de bande-dessinée à l'intérieur.


J'ai trouvé ce format agréable et immersif, proposant un récit dense, découpé en chapitres.  Les illustrations sont très colorées et collent très bien aux thèmes de l'histoire : le roller derby, l'enfance et l'été. Et pour ne rien gâcher, l'humour est très présent grâce au personnage d'Astrid qui est plein d'autodérision. Un très bon moment de lecture avec ce livre qui plaira aux plus jeunes mais pas que !

mercredi 31 octobre 2018

Quand vient la vague

Quand vient la vague,
Manon Fargetton et Jean-Christophe Tixier
✮✮✮✮✰

Famille / Secret / Mensonge / Frère-Sœur / Fuite

Public : ados, adultes

A 17 ans, Nina décide de quitter sa famille et de disparaître du jour au lendemain sans donner de nouvelle. Après 10 mois d'absence, son frère Clément, jeune lycéen passionné de surf, se lance à sa recherche et essaie de comprendre les raisons de sa fuite...

J'ai aimé :
- l'alternance des chapitres Nina / Clément
- le rythme de l'histoire

J'ai moins aimé :
- le secret qui est finalement trop vite découvert par les 2 personnages
- les parents réduits au silence (en particulier le père)
- je n'ai pas toujours compris les décisions de Nina

Dès les premières lignes, le lecteur est plongé dans l'histoire : on découvre Nina, déterminée, quittant sa famille et sa maison sans se retourner et pour de bon. Dix mois plus tard, on rencontre son frère Clément. On comprend très vite qu'il est rongé par l'absence de sa sœur, partie sans explication (ou presque), et dont la disparition a bouleversé la famille jusqu'alors unie. Tandis que les recherches sont sur le point de s’arrêter car Nina aura bientôt 18 ans, Clément décide de découvrir ce qui s'est passé 10 mois auparavant.

Les chapitres alternent donc entre le point de vue de Nina, raconté à la première personne, et celui de Clément, rapporté à la troisième personne. Nina nous raconte les semaines précédant son départ et les événements qui l'ont poussée à faire ce choix, tandis que Clément va retracer le parcours de sa sœur pour essayer de la comprendre et de la retrouver.

Le premier tiers du roman est particulièrement prenant. Les deux personnages sont entourés de doutes, d'incertitudes, et le lecteur ressent lui aussi cette ambiance particulière et pesante avant la découverte d'un secret dévastateur. L'histoire aurait pu être, à mon sens, encore plus captivante si le fameux mensonge avait davantage tardé à être découvert, au moins par l'un des deux personnages. J'ai été un peu déçue que la révélation soit finalement assez vite amenée. 

J'ai également trouvé que le traitement de ce sujet familial aurait pu être plus nuancé et plus approfondi. Nina a une réaction assez violente et radicale de rejet, ce qui peut se comprendre, mais j'aurais aimé davantage de dialogue ou de remise en question de sa part, ça m'aurait sans doute permis de mieux la comprendre.

Je trouve aussi qu'il aurait été intéressant d'avoir le point de vue des parents. La mère s'exprime sur le sujet lors d'une discussion avec Clément, j'ai trouvé ce passage très intéressant et essentiel pour l'histoire et j'aurais aimé qu'il soit encore plus développé. Quant au père, il aurait été intéressant d'avoir son ressenti sur cette situation bien compliquée, mais il reste presque muet et extérieur à l'histoire, pire, il est réduit à prononcer quelques phrases qui reviennent plusieurs fois dans le roman et qui soulignent son coté manipulateur et hypocrite. C'est un personnage peu attachant qui manque d'humanité et de finesse.

Malgré tout, j'ai passé un moment très agréable avec ce roman que j'ai lu d'une traite. C'est une lecture plaisante et prenante, sur le thème de la famille, de la construction et de l'affirmation de soi et du poids de nos décisions sur notre vie et celle des autres. Dommage que certains personnages manquent de nuance, c'est je crois ce qui m'a empêchée d’adhérer totalement à l'histoire. 




mardi 30 octobre 2018

Le secret du prince disparu

Le secret du prince disparu, Aurélie Cubizolles
✮✮✮✰✰

Conte médiéval / Merveilleux / Plantes / Magie 


Public : jeunes lecteurs

Dans un lointain royaume, en l'an 1563 de l'ère du Pentadrion. Simon de Beauvais, 12 ans, est le fils d'un seigneur du royaume. Celui-ci décide de l'envoyer au château du roi afin qu'il devienne l'apprenti de son oncle, le célèbre botaniste Trublius Lampfrois. Simon découvre alors un univers rempli de plantes étranges aux propriétés magiques, s’intéresse à une légende autour d'un ancien prince disparu, et fait connaissance avec son oncle mystérieux et extravagant...


J'ai aimé :
- l'univers bien retranscrit
- lecture fluide et agréable

J'ai moins aimé :
- univers et intrigue trop peu approfondis, qui conviendront cependant à des petits lecteurs

Avec Le secret du prince disparu, nous plongeons dans un univers médieval, peuplé de rois, de légendes et de magie. Nous découvrons le château du roi et plus particulièrement son jardin botanique dirigé d'une main de maître par Trublius Lampfrois, le plus célèbre des botanistes du royaume. Simon, envoyé au château par son père qui espère avoir enfin trouvé un moyen de rendre son fils utile et admirable, découvre cet environnement empli de mystères : les plantes toutes plus étranges les unes que les autres, une légende d'un ancien prince disparu dans la forêt maudite... et surtout son oncle au caractère bien trempé, fin connaisseur des lieux.

Cette petite histoire, facile à lire, prenante et assez courte, contient tous les ingrédients pour plaire aux jeunes lecteurs : une écriture agréable et une histoire simple à suivre, un univers médiéval-fantastique bien représenté dans lequel on apprécie d'évoluer, sa dose de magie, d'amitié et d'aventures.

Personnellement, je suis restée sur ma faim car l'univers reste trop peu développé, et les personnages et l'intrigue manquent pour moi de profondeur et de finesse. J'ai également trouvé la fin un peu trop rapide et facile. Malgré tout, j'ai trouvé cette lecture sympathique et distrayante, et je pense qu'elle est parfaitement adaptée aux premiers lecteurs. Une première lecture agréable pour initier les plus jeunes au genre médiéval-fantastique.

mercredi 17 octobre 2018

Les petites victoires

Les petites victoires, Yvon Roy
✮✮✮✮✰

Témoignage / Authenticité / Relation père-fils / Autisme

Public : ados, adultes 


Un jeune père doit faire face au diagnostic sans appel des médecins : son fils est atteint d'autisme. Il se confronte à des difficultés quotidiennes : troubles psychomoteurs, inadaptation sociale... Un combat de tous les jours commence alors pour favoriser l'épanouissement, l'intégration et l'autonomie de son fils.



J'ai aimé : 
- l'authenticité de ce témoignage
- apprendre sur l'autisme
- découvrir les méthodes mises en place par ce père pour son fils

J'ai moins aimé :
- les dessins en noir et blanc, j'aurais aimé un peu de couleurs

Yvon Roy nous offre ici un très beau témoignage de son quotidien auprès de son fils autiste Olivier. Nous découvrons les difficultés auxquelles ils se retrouvent confrontés tous les deux, et les différentes étapes qu'ils vont devoir traverser.

On s'attache très vite à ce père, qui après avoir fait le deuil d'un enfant "normal",  met tout son cœur dans l'éducation de son fils, et cherche sans cesse à mettre en place des rituels, des méthodes personnelles et adaptées aux besoins d'Olivier afin de lui permettre une meilleure intégration sociale et une plus grande autonomie.

On suit les progrès de son fils, ces petites victoires de tous les jours qui s'obtiennent avec beaucoup de patience, de persévérance de tendresse et d'amour. Une jolie bande-dessinée, touchante, sincère et instructive.

♥ Kill the Indian in the child ♥

Kill the Indian in the child, Elise Fontenaille
✮✮✮✮✮

Cruauté / Maltraitance / Historique / Canada / Pensionnat / Indiens / Révoltant


Public : lecteurs avertis

Au Canada, Mukwa est indien. Il a 11 ans. Il se voit contraint, comme tant d'autres jeunes indiens, d'intégrer un pensionnat chrétien, Sainte-Cécilia, où son éducation est confiée à des religieux. Il y découvre l'humiliation, la maltraitance, les privations et la violence... Un endroit terrible qui a pour devise : Kill the indian in the child, tuer l'indien dans l'enfant. Faire disparaître de son être sa culture, ses origines, sa religion...


J'ai aimé :
- le texte court et choc
- apprendre en lisant
- la poésie qui ressort de l'écriture et qui se mêle à l'horreur des événements racontés
- la couverture du livre qui est magnifique et s'accorde très bien avec le récit

Elise Fontenaille nous a habitué à ce format de livre : des récits historiques, relativement courts, sur des événements révoltants peu connus de notre Histoire. Je pense par exemple à La dernière reine d'Ayiti, Les trois soeurs du dictateur, ou encore Eben ou les yeux de la nuit, qui sont tous des livres émotionnellement chargés, qui prennent aux tripes.

Kill the Indian in the child s'inscrit totalement dans cette lignée. On découvre ici au côté de Mukwa, le sort réservé aux enfants Indiens dans les pensionnats canadiens, il n'y a pas si longtemps... Une histoire vraiment glaçante, qui ne laissera personne indifférent.

Malgré la noirceur du récit, le texte dégage une certaine poésie, notamment au travers de la culture indienne qui se dévoile par petites touches, rendant le livre particulièrement touchant.

C'est toute la force d'Elise Fontenaille, qui parvient à chaque fois à faire naître chez le lecteur un sentiment de révolte, mais aussi la grande satisfaction d'avoir lu un livre qui compte, une histoire qu'il ne faut surtout pas oublier et qu'il faut partager avec le plus grand nombre.